Oct 092012
 

Dom Juan ou le Festin de pierreLoïc Corbery (Dom Juan), Serge Bagdassarian (Sganarelle) et Suliane Brahim (Elvire)
Comédie Française ; Salle Richelieu – Théâtre éphémère
Avec Loïc Corbery : Don Juan – Serge Bagdassarian : Sganarelle – Suliane Brahim : Elvire

Jean-Pierre Vincent, ancien patron de la maison, met en scène à la Comédie Française, le Dom Juan de Molière.

Pièce ambiguë, difficile ; le nom même de Dom Juan est devenu synonyme de séducteur, libertin, mais le personnage de Molière, il est à la fois cynique et revendique sa liberté d’esprit avec tout ce que cela pouvait avoir d’explosif en 1665.

J-P Vincent en fait un personnage sartrien comme dit justement Fabienne Pascaud dans Télérama. Il trace son chemin en pleine liberté. Pourtant Dom Juan n’a pas les exigences d’un homme de principes. S’il ridiculise les médecins comme tout personnage de Molière, il n’hésite pas à recourir à ses privilèges de gentilhomme pour écarter le malheureux Pierrot qui vient pourtant de lui sauver la vie ou pour éconduire Monsieur Dimanche son créancier. Son père lui rappellera que « La naissance n’est rien où la vertu n’est pas. »

Le metteur en scène a choisi d’insister sur la jeunesse du personnage. Loïc Corbery joue le chien fou jouisseur et séduisant mais il a du mal à tenir la distance sur ce registre contrairement à Serge Bagdassarian qui interprète superbement le valet Sganarelle. Car la pièce est cahotique avec des changements de pieds fréquents, des moments de farce et des moments graves. La mise en scène est trop lourde pour suivre ces renversements.

Bien entendu, on chipote ici sur du très haut niveau. Les comédiens français sont toujours superbes. Le texte est parfaitement donné et les décors sont plutôt sobres. On n’a pas compris pourquoi les arbres étaient à l’envers dans la forêt mais bon… Peut être une distraction du régisseur ?

Reste la coquetterie finale : alors que Dom Juan refuse de se repentir devant la statue du Commandeur, là où Molière a écrit  » le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan ; la terre s’ouvre et l’abîme, … », Jean-Pierre Vincent se contente d’un évanouissement à la suite duquel Dom Juan se relève et sort avec Sganarelle comme deux qui ont fait une bonne blague.
Après tout c’est peut-être la fin que Molière aurait voulu écrire s’il n’y avait eu la censure. Mais à ce compte là on peut aussi réécrire Tartuffe et pas mal de choses.
Et puis ce n’est pas sur cette scène là que l’on peut prendre ce genre de libertés. Noblesse oblige.
Finalement, non !

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