Cerises au vinaigre !
La Cerisaie est une pièce lumineuse en ce que l’on aime ses personnages. Ils sont vrais, vivants, exaspérants, pleins de contradictions mais tellement chaleureux.
On avait vu La Cerisaie de Peter Brook aux Bouffes du Nord en 1981, celle de Vitez à Ivry, celle de Stéphane Braunschweig en 1992 à Genevilliers.
On se réjouissait donc de retourner voir cette pièce de Tchekhov à l’Odéon dans une mise en scène de Julie Brochen
L’espace s’organise ici dans une grande serre qui se déploie et se referme suivant les actes et structure agréablement la profondeur de la scène de l’Odéon. Les éclairages jouent des structures métalliques et contribuent avec les costumes à donner quelques beaux tableaux.
Malheureusement la mise en scène vibrionnante s’ingénie à semer la confusion. Des hurlements injustifiés jusqu’aux répliques inaudibles proférées au fond de la scène tout contribue à ce que l’on ne comprenne rien.
Certes les personnages de la Cerisaie ne s’écoutent pas et ne s’entendent pas. Chacun est dans son drame et dans ses obsessions, mais le spectateur ici finit par ne plus voir que des insectes qui bourdonnent dans un bocal sans plus comprendre ce qui se dit.
La Cerisaie est vendue et les scènes finales sont plus convaincantes. Jeanne Balibar fait passer un peu d’émotion lorsque Lioubov Andreevna se rend compte que tout est fini , mais, en définitive, cette mise en scène est une grosse déception.