Oct 092010
Shakespeare et l’art contemporain.
Après Dosteïevski en italien, l’Odéon propose Hamlet en russe.
Aux ateliers Bertier, le metteur en scène Nikolaï Kolyada dynamite ce monument du théatre et on aime ça. Autre monument : la Jonconde est aussi de la fête. Elle veille sur le tombeau de la douce Ophélie et sert de contrepoint à l’odieuse Gertrude mère d’Hamlet.
La scène est jonchée d’objets hétéroclites : coussins, étoffes, tableaux dont les nombreux exemplaires de la Joconde mais surtout d’innombrables cannettes de coca et boîtes de Kitekat, des pieds de boeufs et autres pattes de poulets, sans oublier une piscine en plastique noir qui va et vient et la pluie qui tombe des cintres. Les acteurs sont vêtus (lorsqu’ils le sont) de lambeaux divers et d’un caleçon qui peut faire office de bonnet.
Mais surtout la représentation se déroule à un rythme effréné sorte de danse de sabbat truculente où tout le monde est fou,langue pendante, et, du coup, Hamlet moins que les autres.
La maîtrise de la mise en scène, apparemment délirante, est remarquable même si tous les symboles ne sont pas transparents. Comme toujours, les comédiens russes font preuve d’une énergie et d’un bonheur de jouer tout à fait communicatifs.
On reste sidéré de tant d’audace. Kolyada aurait déclaré : « On dit que je représente l’avant-garde, mais non, je représente le théâtre russe. Au début le spectateur rit et à la fin il pleure. C’est ça le théâtre russe. On ne peut pas commencer par pleurer. Au début le spectateur doit se croire très libre et à la fin il faut l’abattre. »
On en sort heureux d’avoir assisté à quelque chose de résolument original.