Nov 212010
Film russe de Aleksei Fedorchenko
A la mort de son épouse, Tanya, Miron aspire à faire un dernier voyage avec sa bien-aimée respectant le rituel des Méria, une ancienne tribu russe . Accompagné de son meilleur ami, Aist, ils sillonnent la Russie pour arriver au lieu au bord de la Volga où ils vont incinérer la défunte et répandre ses cendres dans l’eau.Mais si la vie renaît après ce deuil, ils restent tous deux fascinés par l’eau où ils vont finir par s’abîmer.
Le dernier voyage de Tanya est un film passionnément humain et passionnément inter-humain.
Pour comprendre en quoi il est passionnément humain, il faut se rappeler la scène des photographies d’identité. Pas un visage qui, l’espace d’un instant, ne développe un roman entier. Ces visages (des femmes exclusivement) déploient leur aspect chiffonné ; on devine dans chacun d’eux la douleur insurmontée de vivre.
Les deux personnages du film, les deux hommes qui ont aimé Tanya, liés par une complicité secrète mais séparés par une pudeur respectueuse, devant le corps nu et mort de Tanya à qui ils vouent un ultime hommage, cela aussi est passionnément humain.
Mais ce film est aussi passionnément inter – humain. Que savons nous de Tanya en définitive ? c’est son miséricordieux silence qui nous a sidérés. L’homme qui la connaît par « ses trois trous » a pris pour une preuve d’amour immense l’obéissance infinie dont elle a été capable.Tanya n’a pas été une « féministe debout ». Il a exploité sa beauté couverte de vodka. Je suppose que, dans sa tête, Tanya a couvé des pensées de « féministe couchée » c’est à dire révoltée d’être objet d’amour.
Je crois que le sujet de ce beau film est essentiellement le « continent noir » de la femme.
Il est évident que ce film ne pouvait se terminer que par la mort des deux voyageurs. Seule la mort pouvait être le but de leurs pérégrinations, l’un pour rejoindre Tanya, l’autre pour rejoindre son père.