Nov 242010
 
101124_YumurtaCe film turc  fait partie d’une trilogie que Semih Kaplanoglu avait commencée avec Yumurta (« Œuf »), présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2007, et sorti en salles quelques mois tard. Süt (« Lait »), qui sort sous le titre anglaisMilk, fut sélectionné à la Mostra de Venise en 2008, et Bal (« Miel ») au Festival de Berlin en 2010, où il a obtenu l’Ours d’or.
(Le Monde 21/09/2010)
YUMURTA est, pour moi, un film extra-ordinaire.
J’avais déjà vu MIEL  Beau, émouvant, original déjà, mais YUMURTA est un accomplissement.Dès la première séquence, on assiste à une scène de troc porteuse d’une foule de significations.  Yusuf, un bouquiniste dans sa boutique qui vient de recevoir un appel par téléphone le priant d’urgence de venir, voit entrer une femme qui s’étonne de trouver la boutique ouverte à une heure si tardive. Un électrophone diffuse (moment musical exceptionnel comme on s’en rendra compte dans la suite du film) une musique beethovennienne au piano.La femme, belle et d’allure moderne, qui contraste avec la femme d’allure traditionnelle qui marchait en fond du générique au milieu des champs perdus et boueux apparaît comme une offrande voluptueuse.Elle a trouvé un livre de cuisine et propose en paiement une bouteille de vin qu’elle tenait à la main.La placidité de Yusuf qui accepte l’offre sans rien dire d’autre, paraît être le signe majeur de ce personnage : il ne  parle pas mais il est intense.
Dès lors, le film débute. Yusuf ira donc chez lui. Sa mère est morte. La cérémonie funèbre de l’enterrement a lieu avec peu de paroles mais elles sont à la mesure d’une société simple, fruste, mais essentielle. (A-t’on envie aussitôt que la Turquie fasse partie de l’Europe ?)
En apparence, le film ne comporte pas d’événement majeur au sens usuel du terme. A la fin seulement on réalise qu’il s’est passé beaucoup de choses à propos d’incident minimes : une panne d’électricité, une crise épileptique du héros, le rêve d’un homme perdu dans un puits, etc …Tous ces événements ont un caractère d’ordinaireté traversés par une signifiance foncière.Je reconnais qu’à certains moments on demeure perplexe et on a peine à comprendre ce qui se passe. Je pense à la scène du chien agressif et inquiétant.Ce film est pratiquement sans musique laissant à l’image une beauté infinie et presque nue.
Un film donc, comme on dit, à ne pas manquer.
Pierre S.

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 Posted by at 16 h 08 min

  One Response to “Yumurta”

  1. Vu « Miel » à l’occasion d’une programmation à la télé.
    C’est aussi un très beau film avec de très belles images et une peinture très fine de gens attachants.

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