La Tempête de William Shakespeare, mise en scène en russe de Declan Donnellan, théâtre des Gémeaux.
Avec la Tempête, qui serait sa dernière pièce, Shakespeare, joue à nouveau avec les illusions les sortilèges et la tentation. Il y a aussi une histoire de lutte pour le pouvoir et de complot fratricide. Mais le texte offre de multiples interprétations et l’art de Donnellan est de présenter une mise en scène légère et élégante toute en charme et en humour.
Le décors se contente d’un mur courbe avec trois portes. Les éclairages et le travail des comédiens en feront tour à tour un navire en perdition dans la tempête, la grotte de Prospero, un champs de blé lors de la moisson ou une plage déserte.
Les acteurs jouent en costumes modernes mais leur présence en scène est tellement intense que l’on vit totalement leurs personnages oubliant presque qu’ils nous parlent en russe pour dire Shakespeare. En effet Donnellan, pour monter ce spectacle, collabore avec l’International Theatre Chekhov Festival de Moscou .
Clin d’oeil à la composante russe, la fête de l’union entre Miranda fille de Prospero et le prince Ferdinand est célébrée par des nymphes sous forme de danse paysanne à la faucille dans le style kolkhosien.
Autre grand moment de fantaisie, la grotte devient une boutique de luxe où le monstre Caliban et ses alliés cupides et ivrognes sont pris de folie acheteuse pour se saisir des vêtements étincelants mais aussi de Rollex, Téléphones mobiles et lunettes de marques.
Après toutes ces folies, Prospéro calme ses enfants et nous avec eux : « Notre divertissement est terminé. (…) Ces acteurs étaient tous des esprits (…). Nous sommes faits de la même étoffe que les songes … »
Un beau divertissement assuré par des esprits dirigés par un génie inspiré.