Avr 092011
 
110407_Manet-1877_NanaBien sûr, il y a foule. Bien sûr il y a tant à voir qu’il faudrait y retourner plusieurs fois, mais on ne va pas se plaindre et l’abondance des expositions de qualité cette année est un régal.
Après Monet, Cranach et Van Dongen voici donc MANET INVENTEUR DU MODERNE au musée d’Orsay. Très belle exposition d’un peintre attachant.
Le Commissaire général, Stéphane Guégan souligne dès l’entrée du catalogue :  » Unique évidemment, érotique et politique, très autobiographique, ironique par endroits, et tourné en permanence vers l’espace public, l’art de Manet fut ludique à sa façon. » Il indique plus loin ce qui fait le propre de sa peinture  » .. le réalisme urbain, voir mondain, le sexe, l’engagement républicain, l’obsession de triompher du Salon ou de triompher des vieux maître sur leur terrain, Velasquez ou Watteau, Courbet comme Ingres. » Et de citer Picasso  » La peinture, c’est une affaire d’intelligence. On la voit chez Manet ».
Il est frappant de voir combien Manet eu l’obsession de se faire reconnaître par le Salon tout puissant tout en refusant de se soumettre à l’académisme.
Le premier tableau totalement personnel de Manet est « Le Buveur d’Absinthe ». Il est refusé par le jury pour l’exposition du Salon de 1858, où siègent Ingres et son ancien professeur Couture. Au salon de 1861, deux de ses tableaux sont tout de même acceptés : « Les parents » et  « Le Chanteur Espagnol « .
Le Salon des Refusés est créé en 1863 pour apaiser le ressentiment des nombreux peintres rejetés par le Salon officiel. Manet y expose « Le Déjeuner sur l’Herbe » qui est jugé indécent et fait scandale . Le scandale se renouvelle avec « Olympia »,inspirée d’une toile  du Titien, la « Vénus d’Urbino » qui est pourtant accepté cette fois au Salon officiel. .
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Quelle force dans tous ces tableaux qui font scandale. Manet qui vient de la petite bourgeoisie affronte la bourgeoisie du second empire en lui présentant une peinture de la vraie vie et des personnages qui soutiennent le regard. « Manet est une Renaissance à lui tout seul » dit Philippe Sollers dans un entretien intéressant, également dans le catalogue.
On ne se lasse pas de la pose triomphante et du regard insolent d’Olympia à qui une servante apporte un bouquet bordé de reconnaissance dont on devine qu’il ne vient pas de sa vieille mère. Pour préciser encore que l’on est dans les fleurs du mal, un chat noir fait le gros dos alors que dans le tableau modèle du Titen un chat blanc ronronne. Et puis «  »ce n’est pas forcément un chat » remarque Sollers, « c’est peut-être une chatte. C’est un peu de musique virtuelle ».
Est-il impressionniste ? Débat  pour les spécialistes. Il se tient en lisière du mouvement refusant d’exposer avec la jeune école tout en échangeant des influences réciproques.
L’exposition est structurée en neuf sections à la fois chronologiques et thématiques et montre bien les différentes manières auxquelles le peintre s’est essayé  et notamment la section intitulée « Le tournant de 1879 » qui marque un basculement vers une peinture plus lumineuse.
Il y a surtout un grand plaisir à voir ces toiles et ces dessins vigoureux, intelligents et pleins de vie.

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