L’histoire se passe dans le Shanghai des années 1990 au sortir de la Révolution culturelle et l’introduction par Deng Xiaoping d’un capitalisme sauvage qui ne dit pas son nom. Des fortunes s’édifient en quelques mois, les « messieurs gros-sous » s’affichent avec morgue alors que les cicatrices des bouleversement imposés par Mao sont mal refermées.
L’inspecteur Chen est un poète doublé d’un lettré. Il a toujours une citation de Confucius adaptée à n’importe quelle situation à moins que ce ne soit un poème de la dynastie Tang. Précisément, au moment des crimes, il a pris un congé pour faire un cycle de lettre et doit rendre une dissertation qui le préoccupe beaucoup. Il va dont traiter le problème de loin au grand dam de ses chefs et du secrétaire du Parti.
L’auteur Qiu Xiaolong est poète et amateur de taï chi. Il est né à Shanghai en 1953. Son père, professeur, est victime des gardes rouges pendant la Révolution culturelle vers 1966. Qiu Xiaolong émigre aux États-Unis après les événements de 1989, il y vit aujourd’hui et enseigne à l’université de Saint-Louis, il a soutenu une thèse en poésie.
Son roman est absolument captivant et donne envie de suivre les autres enquêtes de l’inspecteur Chen.
La Danseuse de Mao
Avril 2012 je lis « La danseuse de Mao » du même Qiu Xiaolong paru en 2008 en français. C’est le septième et dernier de la série.
L’inspecteur Chen est chargé directement de Pékin par un camarade ministre d’enquêter – secrètement bien sûr – au sujet de traces laissées par une maîtresse de Mao. La rumeur court, en effet, que la jolie danseuse Shang, courtisane de Mao pendant un temps, aurait laissé à sa fille un document ou un objet compromettant, que celle-ci aurait à son tour cédé à sa fille, Jiao. La Sécurité Intérieure est sur l’affaire mais le Ministre charge personnellement l’inspecteur Chen d’y voir de près. Pas facile de trouver un objet quand on n’est pas certain qu’il existe et dont on ignore la nature mais dont la découverte pourrait ternir l’image de Mao.
On est dans les années 90, le grand timonier est mort et la révolution culturelle avec lui.
Des fortunes s’édifient et les pauvres sont écrasés par la corruption et les « Gros-sous ».
L’enquête n’est pas passionnante. On se lasse des histoires de coucheries de Mao dont on a vite compris qu’il est aussi odieux en privé qu’en personnage public et du récit des turpitudes du dictateur mégalomane vis-à-vis de ses épouses et maîtresses successives.
L’intérêt est toujours dans les détails savoureux de la vie quotidienne à Shanghai où se déroule l’action, des relations entre les gens de toutes conditions et des citations de poètes anciens ou contemporains, dont Mao lui même, qui émaillent le récit.