Mar 232012
Elena Réalisé en 2011 par Andreï Zviaguintsev
Voilà un film admirable et glaçant sur la Russie poutinienne.
Elena est une femme au visage de madonne. Elle a été infirmière et a croisé, il y a une dizaine d’années, Vladimir un riche vieillard qui s’est attaché ses services – à tous points de vue – puis l’a épousée. Entre ces deux personnages, une relation froide s’est installée que montre magnifiquement la première scène, très long plan séquence presque sans paroles, où l’on voit Eléna s’éveiller dans un appartement luxueux, se préparer et servir le déjeuner à un homme aisé qui la traite avec complaisance.

va toucher sa pension et va la donner à son fils dans une banlieue misérable. Le fils est le fainéant parfait. Il est pourvu d’une femme et d’un rejeton adolescent lamentable vautré devant des jeux vidéo et d’un bébé adoré de sa grand mère.
Le cadre est planté : opposition entre la Russie d’en haut et la Russie d’en bas.
Il faut citer les déclarations du réalisateur :
« Nous avons été plongés dans le capitalisme sans y avoir été préparés, et ce changement brutal a provoqué sur les êtres des bouleversements terrifiants. La course à l’argent est devenue la règle, l’individu est seul désormais. Le couple que montre le film, cet homme âgé et cette femme qui fut son infirmière, n’est pas uni par un sentiment profond, mais par une sorte de contrat moral où chacun trouve son compte. Dans la société russe, les concepts d’amour, de fidélité, de confiance se sont effacés, c’est aujourd’hui comme s’ils n’avaient jamais existé. Et donc, les notions de conscience, de remords, de culpabilité ont disparu elles aussi.»
Au delà de l’accroissement des inégalités qui n’est pas propre à la Russie, le film insiste l’individualisme et sur l’écroulement de toutes les valeurs morales.
Outre son sujet, la puissance de ce film tient à ses qualités proprement cinématographiques. Le portrait de cette femme à la jointure de deux mondes est essentiellement fait par les images; les dialogues sont rares. Le réalisateur filme longuement ses attitudes et son comportement. Le cadre situe précisément les personnages : le riche appartement,le club, la clinique luxueuse de l’un, le HLM étriqué où évoluent les autres en se goinfrant de chips et de bière.
Outre son sujet, la puissance de ce film tient à ses qualités proprement cinématographiques. Le portrait de cette femme à la jointure de deux mondes est essentiellement fait par les images; les dialogues sont rares. Le réalisateur filme longuement ses attitudes et son comportement. Le cadre situe précisément les personnages : le riche appartement,le club, la clinique luxueuse de l’un, le HLM étriqué où évoluent les autres en se goinfrant de chips et de bière.
Il faut mentionner aussi la musique répétitive de Philip Glass qui souligne la tension croissante.
Un film grave, justement couronné par le prix du jury à Cannes 2011