Se trouver de Luigi Pirandello mise en scène Stanislas Nordey au Trèâtre de la Colline,
avec Emmanuelle Béart, Claire ingrid Cottanceau, Michel Demierre, Vincent Dissez
De Pirandello, né en 1867 en Sicile, prix Nobel en 1934, on connait notamment « Six Personnages en Quête d’Auteur » où il met en scène la confusion entre théâtre et réalité et la vision que chacun des acteurs peut avoir de la réalité et de son rôle dans le drame.
Se trouver (1932) reprend cette confusion dans la tête d’une femme, une actrice. Donata Genzi, dispersée en de multiples personnages, qui ne sait plus quand elle est elle même ou l’un de ses personnages.
La mise en scène de Stanislas Nordey exprime remarquablement cette confusion grâce à l’interpretation sensible d’Emanuelle Beart.
Dans la scène d’exposition dans une villa luxueuse de la Riviera au décors mussolinien une brillante société attend la star en parlant d’elle et déjà la problématique est posée : quand est elle elle même alors que le public connait si bien chacun de ses gestes en scène ?
Le parti pris de Nordey – que l’on avait déjà observé dans « Les Justes » de Camus – de faire jouer ses acteurs face public prend ici tout son sens. Chaque personnage expose une version du paradoxe du comédien entre le jeu et la vie. Ces personnages ont eux même une complexité et la richesse de la pièce fait penser à Tchekhov et à Ibsen.
Il y aura une passion, un naufrage en mer et un retour à la scène.Tout cela est porté par Béart impecable de force et de fragilité à la fois et la résonnance avec son statut personnel de grande comédienne engagée dans la vie.
Tout en développant les péripéties du drame, la pièce ne quitte jamais le questionnement qui occupe l’ecrivain et qu’il formule en conclusion: « Il faut se créer pour se trouver ».