Un film de Xavier Beauvois, Grand Prix du Festival de Cannes 2010 (justifié !)
Le thème de ce film est connu : l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996 pendant les années noires de la terreur islamiste qu’a connues ce pays.
Les moines prennent en charge tous les travaux de la communauté : ménage, cuisine, apiculture, jardin entrecoupés des moments de prière. Chacune de ces scènes d’exposition montre bien ces huit hommes en paix et consciencieux, attentifs à la vie en commun et ouverts sur le village auquel ils prodiguent des soins et une assistance quotidienne.
Puis la mise en scène montre la montée de la peur dans la population autour du monastère au fur et à mesure que les actions violentes et les meurtres se rapprochent. Les dirigeants algériens locaux expriment leur incompréhension devant cette conception de l’islam tandis que l’administration à un niveau plus élevé veut installer une protection militaire autour du monastère, puis devant leur refus, insiste pour faire partir les moines rapidement.
Le problème est alors noué : faut-il partir et abandonner cette population ? Faut-il rester ? Mais tous n’ont pas la vocation du martyr.
Après de longs débats, ils décideront à l’unanimité de rester parce que l’option inverse n’est pas supportable.
Le film n’est pas sans défauts ; des répliques parfois un peu simplistes, le supérieur interprété par Lambert Wilson trop parfait, mais il s’en dégage une grande force, un sentiment d’humanité et d’évidence paisible tout a fait émouvantes.
Ces hommes se sont assigné une mission, ils ont fait un choix une fois pour toute et décident de s’y tenir quelles que soient les conséquences. Il est vrai que l’on ne nous dit pas trop qui sont leurs assassins et ce qu’ils veulent en définitive. Mais le sait-on ?
Les comédiens qui jouent les moines sont très convaincants. Chacun avec sa personnalité reste attentif à la cohésion du groupe et cela est très justement interprété.
Michel Lonsdale est magnifique en moine-médecin qui soigne les pauvres et les illettrés (petits dessins pour expliquer la posologie des médicaments fournis) et à l’occasion explique l’amour à une jeune fille qui doute.
A le voir ainsi en moine tranquille on pensait à son rôle dans Le Fantôme de la Liberté de Buñuel où il faisait fesser son postérieur nu devant une assemblée qui quittait la salle, horrifiée, et lui de protester : « Non, que les ecclésiastiques restent au moins ! » L’ecclésiastique qu’il interprète ici serait sans doute resté, goguenard.