Jan 052012
Le Havre de Aki Kaurismaki
Marx – Marcel Marx – cireur de chaussures cultivé, à l’élocution soignée «Il y a des meilleurs métiers, mais celui est plus près du peuple.», va aider un jeune clandestin noir à échapper à la police pour retrouver sa mère en Angleterre.
Kaurismäki traite le problème des demandeurs d’asile sur un ton burlesque et nostalgique.Ce film à la fois tendre et ironique est centré sur la solidarité spontanée des plus humbles.
Les dialogues sont rares et soignés ; chaque plan est un tableau plein de détails cocasses.
On voit à la télévision des images de l’évacuation de la « jungle » de Sangate, preuve que l’action est contemporaine, mais la cuisine est typique des années 50 tout comme le bar où les ouvriers trinquent avec gravité et une fierté et une conscience de leur rôle social qui ont disparu.
En ce sens, « Le Havre » se rapproche des « Neiges du Kilimandjaro » en bien meilleur et bien plus subtil. Seul point commun : Jean-Pierre Darroussin qui interprète ici un policier froid roulant en R19 et qui, lui aussi, se laissera conquérir par la générosité.
André Wilms joue le personnage de Marcel avec finesse et humanité. Tous les comédiens sont remarquables. Mention spéciale pour Jean-Pierre Léaud – irrésistible – qu’on entrevoit en ignoble délateur vichyste. Pour signaler à la police la présence de l’enfant recherché il utilise une première fois un téléphone à cadran avec ses mains gantées puis une seconde fois un téléphone portable. Preuve que la fonction de délateur est de tous temps.
Le Havre donne un sentiment de confiance dans l’humanité, de générosité, de solidarité sans niaiserie et sans sentimentalisme mou.