Nov 252011
 
Robert Guédiguian et ses acteurs favoris constituent la dernière cellule en activité du PCF.
« Les Neiges du Kilimandjaro » offre de jolies scènes fraîches comme une fête d’Huma ensoleillée. Notamment l’anniversaire de mariage de Marie-Claire (Ariane Ascaride) et Michel (Jean-Pierre Darroussin) militant syndical CGT récemment mis en préretraite.
Les enfants du couple – jeunes adultes déjà parents – la famille et les camarades sont là. Discours, cadeaux, émotion sur le port, tout baigne.Le pré-retraité un peu bougon mais parfait grand-père amorce gentiment sa nouvelle carrière et peut légitimement être fier de sa vie de luttes syndicales et de fidélité aux principes au point qu’on le surnomme Jaurès.
Mais au terme d’une partie de carte en famille filmée avec humour tout s’écroule. Des agresseurs cagoulés font irruption, brutalisent violemment les quatre joueurs pour les dépouiller de leurs économies, de leurs cartes de crédit et de l’argent du voyage en Tanzanie offert à l’issue d’une large collecte lors de l’anniversaire.
L’un des voleurs se révèle être un des ouvriers licenciés en même temps que Michel et invité en tant que tel à l’anniversaire de mariage. Petit loubard qui essaye d’élever ses deux jeunes frères à la place d’une mère défaillante et en l’absence de père.
Le film entrecroise alors deux propos : d’une part une jolie histoire de générosité inspirée des « Pauvres Gens » de Victor Hugo ; d’autre part une réflexion résumée par cette réplique d’ Ariane Ascaride / Marie-Claire : « Comment peut-on s’en prendre à nous ? et dans quel monde vit-on ? » .
En quoi le fait que la misère ait conduit un ouvrier à devenir voleur et agresseur d’un ancien camarade constitue-t-il une critique d’une terrible actualité comme l’écrit Télérama ?
Ce voleur, interprété de façon fort peu convaincante par Grégoire Leprince-Ringuet, va cracher son amertume à la face de Michel et mettre en cause sa fierté d’une vie de labeur, de luttes et de conviction et la légitimité d’un petit confort acquis au prix de durs efforts.
Or Guédiguian semble donner une certaine légitimité à ces reproches.Le sympathique beau-frère (Gérard Meylan), victime également de l’agression, n’est pas prêt à trouver des excuses aux agresseurs et les enfants du couple non plus. Sont-ils pour autant étriqués et incapables de générosité ?
Le film fait écho au discours à la mode : la génération actuelle est individualiste, seule celle d’après-guerre savait jouer collectif. On se demande comment il se fait qu’il y ait autant d’ONG et d’attachement à l’écologie.
La générosité est le grand propos du film. Elle coule à flots des sourires mouillés d’Ariane Ascaride et du regard de chien fidèle de Daroussin. C’est toujours bon à prendre même quand les démonstrations sont lourdement appuyées et l’interprétation inégale.

[suffusion-the-author]

[suffusion-the-author display='description']
 Posted by at 13 h 09 min

 Leave a Reply

(requis)

(requis)