L’Exercice de l’Etat

Ce film met mal à l’aise dans la mesure où il montre un « serviteur de l’état » ni spécialement génial ni malhonnête qui essaye de faire son travail de ministre en conscience sans toutefois malmener sa carrière. Or ce travail l’oblige à tourner à toute allure, d’enchaîner les réunions, les déplacements, les interviews en s’appuyant sur un groupe de collaborateurs dévoués mais qui ont aussi leurs priorités.

Le film nous fait bien sentir cette urgence permanente et la peur du faux pas avec des acteurs tous remarquables.Au centre, aux côtés d’une Zabou Breitman très crédible en directrice de communication super efficace, Olivier Gourmet, le ministre, et Michel Blanc, le directeur de cabinet, sont prodigieux.
La réalisation comporte quelques beaux morceaux de bravoure comme cet accident d’un car transportant des enfants dans une montagne enneigée où le ministre doit se rendre dans l’urgence au petit matin. La scène est filmée avec un réalisme saisissant. Au milieu des cadavres, des sauveteurs et des familles éplorées, à quoi sert le ministre ? Et pourtant il doit être là et l’attachée de presse prend le temps d’échanger sa cravate avec celle du Préfet pour des raisons de couleur!

Le fonctionnement dans l’urgence des rouages de l’état mérite mieux que les caricatures grossières que l’on nous sert quotidiennement. Ce film a le grand mérite de ne pas être manichéen. Il illustre l’exercice de l’état au quotidien par des hommes et des femmes qui ont leurs travers et leurs ambitions mais qui ont aussi le soucis de faire fonctionner un appareil complexe et qui souvent les dépasse.