Déc 012011
Cendrillon : texte original de Joël Pommerat d’après le mythe de Cendrillon
mise en scène Joël Pommerat Odéon – Ateliers Berthier
Joël Pommerat propose un spectacle très original autour du mythe de Cendrillon.
Il privilégie un aspect qui n’est pas majeur dans le conte : la mort de la mère. Cendrillon – ici Sandra – a été très affectée par la mort de sa mère. Elle a compris ainsi les dernières paroles de celle-ci : « Ma chérie, pense à moi, tant que tu penseras à moi, je ne pourrais pas vraiment mourir » Et cela devient une obsession au point que Sandra porte une montre qui sonne régulièrement pour lui rappeler de se souvenir. Justement le prince est lui aussi obsédé par la disparition de sa mère. Ils vont donc s’aider mutuellement à faire leurs deuils et à prendre le parti de la vie.
Tout cela est joué avec humour, sur un ton résolument moderne en paraphrasant le conte tout en se tenant à distance.
La célèbre pantoufle de vair est remplacée par la chaussure noire vernie du prince et la bonne fée est une furie sympathique qui loupe régulièrement ses tours. Quand à l’horrible marâtre c’est une mégère hystérique tellement vulgaire qu’elle devient le personnage le plus drôle de la pièce.
Mais le spectacle est avant tout visuel. Les seuls accessoires, avec les costumes, sont les lumières et la vidéo qui habillent fabuleusement la scène en la transformant continuellement, créant des profondeurs, des mouvements, des ambiances mouvantes.
Joël Pommerat s’affirme ici comme un grand metteur en scène en installant une magie sans artifice et néanmoins onirique. Il est aussi un grand auteur de théâtre puisqu’il a écrit le texte en confiant à ses interprètes des répliques sur un ton très simple souvent drôle et parfois un peu leste résolument contemporain. Les comédiens belges francophones sont remarquables de naturel.
Le conte est dépoussiéré. La pauvre fille qui n’aspire qu’à épouser un prince charmant beau, riche (et bronzé) grâce à la baguette magique de sa marraine fait place à une fille résolue – version salle gosse sympathique -désignée par le conteur comme « la très jeune fille » qui se prend en main et parvient à dépasser son chagrin.
Très beau spectacle qui enthousiasme petits et grands mais c’est complet en tous cas à Paris cette année. Peut-être à Béthune ou Forbach en mai 2012 …
[suffusion-the-author]
[suffusion-the-author display='description']