Déc 172011
‘Tis Pity She’s A Whore
Dommage qu’elle soit une putain, de John FordSpectacle en anglais surtitré.
Dommage qu’elle soit une putain, de John FordSpectacle en anglais surtitré.
Les Gémeaux • 92330 Sceaux
Mise en scène : Declan Donnellan – Scénographie : Nick Ormerod
Donnelan à Sceaux c’est un rendez-vous où l’on se rend chaque année avec plaisir, sûrs d’assister à un grand moment de théâtre.
Encore une fois avec « Dommage qu’elle soit une putain » on n’est pas déçu.
La pièce n’est pas simple. On ne trouve pas chez John Ford le brillant que l’on aime chez Shakespeare mais l’on retrouve l’inspiration du théâtre elisabéthain.
Ce n’est pas pour me vanter mais j’ai trouvé dans l’encyclopédie Larousse que : « Le théâtre élisabéthain désigne le mouvement théâtral qui s’étendit de la fin du XVIe et du début du XVIIe s. en Angleterre, essentiellement à Londres, sous les règnes d’Élisabeth Ire, de Jacques Ier et de Charles Ier. Dominé par la figure de Shakespeare, il correspond à l’âge d’or du théâtre anglais.Violent, irrespectueux et impudique, en rupture avec toutes les règles conventionnelles, le théâtre qui s’épanouit à Londres à partir des années 1570, déploie ses sanglants récits historiques à ciel ouvert, dans les arènes d’édifices nouveaux. Grâce à Shakespeare, son principal représentant, qui a exploré tous les genres, il ne cesse d’enflammer les renaissances de l’art théâtral : une esthétique très libre, qui est parfois qualifiée de « baroque », par opposition à l’esthétique classique – soumise à de strictes règles –, va s’imposer au XVIIe s ».
« L’œuvre accomplie par la première génération des auteurs élisabéthains sera prolongée par William Shakespeare, qui marque de son empreinte tous les genres dramatiques. (…) Le plus grand dramaturge post-shakespearien est John Ford : Dommage qu’elle soit une putain (1626) et le Cœur brisé (1628). Mais, peu à peu, la violence et la liberté de ton des élisabéthains se diluent dans une production qui, sous Charles Ier, privilégie les divertissements de cour. La fermeture des théâtres par les puritains, en 1642, annoncera la fin du courant élisabéthain. »
« L’œuvre accomplie par la première génération des auteurs élisabéthains sera prolongée par William Shakespeare, qui marque de son empreinte tous les genres dramatiques. (…) Le plus grand dramaturge post-shakespearien est John Ford : Dommage qu’elle soit une putain (1626) et le Cœur brisé (1628). Mais, peu à peu, la violence et la liberté de ton des élisabéthains se diluent dans une production qui, sous Charles Ier, privilégie les divertissements de cour. La fermeture des théâtres par les puritains, en 1642, annoncera la fin du courant élisabéthain. »
Ici, deux jumeaux Annabella et Giovanni s’aiment d’un amour incestueux impossible mais sincère. Ils osent s’élever contre le tabou social majeur, révélateur des limites de l’étendue de notre tolérance, barrière morale difficilement franchissable.
La vie repose souvent sur la désobéissance dit Donnelan, « La pièce de John Ford nous montre que ceux qui pensent ne pas avoir à obéir aux lois parce qu’ils sont « spéciaux », ceux qui pensent bénéficier d’une dérogation parce qu’ils sont supérieurement intelligents finissent, au bout du compte, par avoir de gros problèmes. »
La scène est dans la chambre d’Annabella. Le lit trône au centre tout au long de la pièce. Les nombreux prétendants de la belle s’y vautrent en permanence. C’est là aussi que s’échangent les serments du frère et de la soeur et que la mort viendra sanctionner cet amour impossible.
La magie Donnellan s’exprime dans la direction d’acteurs. Pendant près de deux heures, il n’y a pas un temps mort. Les comédiens exceptionnels virevoltent en permanence passant du burlesque à l’émotion avec un bonheur de jouer communicatif.
On peut seulement regretter que ce tourbillon masque un peu la compréhension de la pièce. Mais cette légère réserve n’est rien devant le plaisir de voir la fougue de ce grand metteur en scène et de sa merveilleuse troupe.