Aux ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Christophe Marthaler présente sa mise en scène de « Foi, amour, espérance » d’Odön von Horvath.
Nous avions vu, il y quelques années « Casimir et Caroline » du même von Horvath où un couple se déchirait sur fond de fête de la bière à Munich dans une atmosphère lourde annonciatrice de la guerre.
Ödön von Horváth (1901-1938) nous raconte ici l’histoire très banale d’une fille pauvre – Elisabeth. Elle tente bravement de s’en sortir ; les riches, les puissants, les bien pensants qui l’entourent s’emploient à l’enfoncer et y parviennent si bien qu’elle se suicide.
L’action se passe au début des années 1930 à Munich. Nous savons les horreurs qui vont advenir. Horvarth lui les pressent. Il avait 31 ans lorsqu’il a écrit cette oeuvre ; il est mort bêtement à Paris peu après, en fuyant la peste brune qui allait interdire sa pièce un an plus tard.
La force de cette pièce vient de ce que l’histoire est racontée avec une ironie douce amère.
Les gens qui entourent Elisabeth sont des médiocres ordinaires, englués par leur quotidien. La guerre (celle d’avant) est encore très présente et chacun éprouve le poids des règlements et des contraintes sur ses épaules.
Christophe Marthalet propose une mise en scène en adéquation avec le texte dans la mesure où des choses très violentes sont dites de façon très mesurée avec le ton de la dérision.
D’abord par une mise en musique originale : dans une fosse d’orchestre, les sièges sont occupés par des hauts parleurs hétéroclites tandis qu’un chef d’orchestre s’agite puis se met au piano pour interpréter la Marche funèbre et autres musiques de circonstance.
Une foule de détails de mise en scène tirent parfois le spectacle vers le surréaliste.
D’autres choix expriment le fait que le cas d’Elisabeth n’est pas unique. Son personnage est interprété par deux comédiennes qui parfois redoublent les scènes. Et lorsqu’on la repêche du canal où elle s’est précipitée, ce sont quatre corps qui jonchent la scène tandis qu’un bon bourgeois déplore que les suicides soient de plus en plus nombreux.
Tout cela finit par alourdir un peu le spectacle que certains ont trouvé longuet (3h15), mais on est heureux d’avoir découvert un texte intéressant dans une mise en scène originale.