L’Opéra de quat’ sous

 
Dès l’abord, avec la chanson de Mackie, on a l’impression de se trouver en pays de connaissance. Tout le monde connait « Mack the knife » chanté par Louis Amstrong, Ella Fitzerald, Nada Strancar et bien d’autres en passant par Mouloudji et Colette Renard.L’opéra a également été repris au moins trois fois au cinéma dont une version de  1931 avec Florelle et Albert Préjean (!); et une de 1962 nous dit M. Wikipédia avec Curd Jürgens (Mackie), Lino Ventura  (Tiger Brown) et Gert Fröbe : (Peachum le chef des mendiants). On aimerait bien la voir !

Pourtant, Laurent Pelly donne à l’Opéra de quat’sous créé en 1928 une véritable fraîcheur tout en montrant que la critique sociale qu’il contient est toujours actuelle.

L’Opéra de quat’sous transpose les tares de la société bourgeoise dans le monde des mendiants et des voleurs. Les criminels sont de connivence avec les gardiens de la loi et de l’ordre public. En outre les conflits entre crocodiles dans un même marigot (ici les mendiants et les gangsters) sont sans pitié.

Brecht regarde grouiller ce monde sans trop d’indulgence : » Car de quoi vit l’homme ?  » chantent Mac et Jenny à la fin du deuxième acte. L’homme vit de méfaits ;  » la bouffe vient d’abord, ensuite la morale « .

 
De ce faux opéra grinçant et satyrique Laurent Pelly et les comédiens français donnent une interprétation réjouissante et bien dans l’esprit de Brecht du théâtre d’analyse sociale sans être militant.

On peut regretter que les parties chantées ne soient pas toujours très audibles alors que c’est précisément dans ces lyriques que l’auteur examine les événements du drame d’un œil investigateur et critique.
Mais le spectacle est tout en mouvement, le dispositif scénique très efficace esquisse les différents lieux avec humour et les comédiens toujours aussi bons dans un registre qui leur est pourtant moins familier.