La Comédie Française présente dans la belle salle du Théatre éphémère la pièce de Musset mise en scène par Yves Beaunesne donnée au Vieux Colombier l’an passé.
Loïc Corbery et Julie-Marie Parmentier
Un dispositif simple et astucieux avec une sorte de second rideau en fond de scène qui délimite un second espace où se déroulent certaines scènes. La pièce a été écrite en 1834 mais l’action est située ici dans les années 1960 par les costumes et notamment par un mange-disques que Rosette transporte partout avec elle.
Le trio amoureux est joué par une toute nouvelle à la Comédie Française : Marion Malenfant engagée comme pensionnaire le 16 avril 2012 – c’est donc tout frais – qui interprête une Camille assez émouvante, et deux jeunes sociétaires pleins de fraîcheur Françoise Gillard (Rosette) et Loïc Corbery (Perdican). Ce dernier force un peu dans le rôle du jeune affranchi et l’on a un peu de mal à croire a la sincérité de son amour ; on entend surtout beaucoup de lâcheté et de cynisme dans sa dernière réplique :
PERDICAN
… ; je sens un froid mortel qui me paralyse. (… ) Je vous en supplie, mon Dieu ! ne faites pas de moi un meurtrier ! Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort ; mais notre coeur est pur ; ne tuez pas Rosette, Dieu juste ! Je lui trouverai un mari, je réparerai ma faute; elle est jeune, elle sera riche, elle sera heureuse ; ne faites pas cela, à Dieu ! vous pouvez bénir encore quatre de vos enfants
En contrepoint, le metteur en scène a fait appel à un quarteron de brillants anciens. Danièle Lebrun, Roland Bertin, Pierre Vial et Christian Blan. Parfaits, truculents, quelquefois un peu cabotins, mais quelle classe.
Leurs apparitions, tour à tour, dans la première partie ralentit un peu le rythme. Par ailleurs les entrées de comédiens en fond de salle, de plus en plus à la mode, ne s’imposent pas et gènent parfois la compréhension du texte. Au total c’est néanmoins une mise en scène qui sert très agréablement cette pièce classique du théatre romantique.
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Oui. Une grande pièce dans une jolie mise en scène très bien servie par de grands comédiens. Et pourtant, comme souvent à la Comédie Française, il y manque la petite dose de folie, de prise de risque, qui ferait d’un très bon spectacle un spectacle formidable. C’est dommage ce petit regret que ça laisse chaque fois, quand à vouloir trop fort ne pas prendre le risque de déplaire, on se prive de la possibilité d’être génial.
Mais ce n’est là qu’un petit regret.
Mais c’est dommage !