On en apprend de belles : l’affreux Gérôme a fait refuser par la France la donation du fond d’atelier de Giuseppe de Nittis comme il a refusé Caillebotte.
Reprenons : on peut voir au musée d’Orsay une exposition consacrée à Jean-Léon Gérôme (1824-1904). Dans sa présentation, le musée se défend :« Gérôme fut longtemps stigmatisé comme l’emblème d’un académisme stérile, (…). Il est aujourd’hui compris comme l’un des grands créateurs d’images du XIXe siècle. » Les tableaux présentés montrent une remarquable maîtrise du dessin et de la représentation. C’est surtout son talent de mise en scène qui est saisissant. Il sera beaucoup utilisé par hollywood.Mais les tableaux de Gérôme ne montrent aucune émotion. C’est vraiment la peinture pompier et grandiloquente pour petits bourgeois second empire auxquels il offre de surcroît une image d’un orient lascif et sulfureux propre à entretenir des images racistes et méprisantes.A la fin de sa vie, personnage éminent de l’art officiel et de l’Institut, il pourfend les impressionnistes. En 1894 il dirige le complot des gardiens du temple contre le legs Caillebotte.
Quelques années plus tôt il avait également fait refuser le leg De Nittis.
Nous y voici : Vient de fermer au Petit Palais la première rétrospective en France depuis 1886 du peintre italien originaire des Pouilles Giuseppe De Nittis (Barletta, 1846- Paris, 1884). Ce contemporain de Caillebotte, Degas et Manet est totalement oublié en France au point que les conservateurs du Petit Palais ont découvert à l’occasion de cette exposition qu’ils en possédaient deux toiles dans leurs réserves.
Cet autodidacte de la peinture s’est installé à Paris dès 1871 et donne un grand nombre d’oeuvres sur la vie parisienne, la rue, les champs de courses, les salons, les toilettes. Il peint aussi beaucoup à Londres et utilise magnifiquement l’aquarelle.Apparemment la question de savoir s’il est impressionniste n’est pas tranchée, mais quelle grâce dans ces tableaux, quelle fluidité, l’intérêt pour la lumière, pour la couleur. Remarquable portraitiste, il peint des ambiances, des atmosphères.
Trop tard, c’est fini ! Si ceux qui savaient nous l’avaient dit plus tôt … Mais les oeuvres refusées par l’autre ont permis de créer un musée dans sa ville natale des Pouilles : Pinacoteca Giuseppe De Nittis – Palazzo della marra – Citta di Barletta. Une idée de voyage.
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